Les textes réservent des surprises. Pendant cette vacance, je les repose. Ils situent le début de l'expérience, la première saison... Je croyais parler d'autre chose, mais à la relecture, je racontais déjà cette aventure.
15 septembre 2006 Se découvrir...
"Je ne suis pas assez con pour voyager juste pour le plaisir" (Gilles Deleuze in Abécédaire)
Partir, c'est, croit-on, aller à la rencontre des autres, mais le premier que l'on croise, sur le chemin, c'est soi-même... devenu étranger dans ce nouveau décor et cette mise en scène inhabituelle... La première question n'est alors pas une question de fond mais de forme. Est-ce que j’ai une forme définie, reconnaissable ailleurs par d’autres ?
Cette forme est-elle fixe, souple, rigide, capable de se déformer sans se transformer...? de se couler dans des moules différents en gardant ses propriétés? ... conserver sa forme, se reconnaître, rester soi-même, et être modelable “sur les bords” pour s’adapter aux nouvelles conditions, être ferme et souple, affaire de densité. Si la matière est trop rigide elle casse ou explose sous la pression, si elle est trop souple, elle s’applatit ou s’écrase.
Un seul conseil: garder la forme...
16 septembre 2006 Définition...
... petit groupe qui se déplace en autonomie dans un environnement plus ou moins hostile...
En observant le phénomène et en se fondant sur les invariants d'échelle, on peut alors le comparer au nomadisme...
Comment vit-on nomade? Quel est alors notre rapport au monde? Quelles représentations a t’on du monde et de soi quand on se déplace avec sa vie? Quel est notre rapport aux autres quand ils sont l’élément stable, la permanence? Comment s’adapte-t-on à cette inversion du rapport au monde? On devient plus léger, on ne peut plus s’encombrer en consommant, on se regroupe pour continuer à exister, si je perds le groupe, je disparais, il n’y a pas de lieu où je peux me retrouver, je suis condamné à rester dans la communauté, il n’y a pas d’ailleurs puisqu’on est en mouvement perpétuel. Mon groupe, c’est ma culture, ma survie, il n’y a pas de dehors.
21 septembre 2006 De lire à lier...
...relire, relier ...délire, délier...
Les mots échappent parfois à leur propre sens pour s'embusquer, prendre une direction inattendue et traduire des réalités imprévues. Dans la vraie vie, une rencontre s'effectue dans le temps et dans l'espace; pour qu'elle ait lieu, il faut que les deux conditions soient réunies : telle heure, tel endroit; c'est la scène du théâtre des interactions, unité de lieu et de temps... sinon, rien. Dans la vie rêvée, la lecture permet de dépasser cette nécessité. Par un simple mouvement, en toute immobilité, abandon du corps, elle va à la rencontre des hommes dans le temps et dans l'espace. Elle provoque aussi la rencontre ici et maintenant, découvrant des territoires communs entre gens de passage. Un jour, je croise un homme, qui, par le simple dévoilement de ses lectures, devient un proche... Cette révélation est toujours excitante et rassurante, comme doivent être les sentiments ressentis dans une confrérie. Appartenir à la communauté des hommes qui ont partagé ce voyage intérieur... richesse et privilège.
23 septembre 2006 Approche ...
On est toujours seul, au milieu des autres ...mais... dans son rapport à l'espace, le monde animal témoigne d'une dichotomie absolue et assez inexplicable. Alors que dans certaines espèces, les animaux éprouvent la nécessité de l'entassement et du contact physique, dans d'autres, au contraire, ils évitent tout contact. Aucune logique ne semble en apparence déterminer la catégorie où se range une espèce. Parmi les animaux "à contact", on trouve le morse, l' hippopotame, le porc, la chauve-souris brune, le perroquet et le hérisson... En revanche, le cheval, le chien, le chat, le faucon, la mouette sont des espèces "sans contact".
Quant à l'homme, il semblerait que ce soit un peu plus compliqué ... (sauf à croire en la réincarnation)