30 septembre 2006

Nouvelles du moi

Rapport du 28/09/06:

Le suspect a été repéré pour la première fois le 15/08/06. Depuis, on le voit régulièrement. L'individu, environ 50 ans, interpelle les passants, tient des propos souvent confus, mais ne semble pas présenter de danger. Il reste sous surveilllance.
Aucune plainte n'a été déposée à ce jour.

Rapport d'expertise: (établi par Ricoeur, Kaufmann et Jaspers)




L’homme vit désormais en miroir de sa propre vie, il réfléchit et s’analyse, jusqu’à transformer son quotidien en objet d’interrogation comparable à l’objet d’expérimentation du scientifique en laboratoire.


Son existence n’est pas celle de l’individu biologique défini par le souci vital, mais celle de l’individu libre défini par le souci de l’être.



Sa vocation, c’est connaître le monde objectif, son destin, c’est vivre dans un monde subjectif: tantôt, son monde devient partie du monde objectif, tantôt le monde devient une perspective de son monde. Le monde est à la fois pour lui un monde donné qui est le lieu de ses découvertes et un monde produit qui est le lieu de ses inventions.

Les limites de sa liberté sont celles de sa volonté: il choisit, il veut, il doit, il est...

Affaire non classée...

24 septembre 2006

Quand le corps devient esprit ...

et que l'esprit fait corps...




Comment le corps réagit-il quand on le pousse? Comment l’esprit assure t-il la maintenance quand les conditions sont pénibles et éprouvantes?






Il ya une exaltation dans l’effort, un basculement dans le "toujours plus" dont il faut se méfier car le risque de sortir de l’activité pour rentrer dans la performance est grand. Il y a un repos de l’esprit quand le corps est épuisé, un abandon de soi.






Pendant l’effort, l’esprit est concentré sur la tâche, attentif à protéger le corps. Il est difficile, si le rythme est soutenu et le terrain accidenté de vaguer, de se distraire, de penser à autre chose. Il y a alors une unité entre le corps et l’esprit, vaine et un peu ridicule, mais efficace pour se déplacer.



Parfois, l'esprit se libère et vagabonde de son côté, empruntant d'autres chemins ... respiré dehors, inspiré dedans.





Un seul conseil: garder la tête sur les épaules et regarder où on met les pieds ... (photos: sicile, juillet 2005)

23 septembre 2006

Approche

On est toujours seul, au milieu des autres ...mais ...

... dans son rapport à l'espace, le monde animal témoigne d'une dichotomie absolue et assez inexplicable. Alors que dans certaines espèces, les animaux éprouvent la nécessité de l'entassement et du contact physique, dans d'autres, au contraire, ils évitent tout contact. Aucune logique ne semble en apparence déterminer la catégorie où se range une espèce. Parmi les animaux "à contact", on trouve le morse, l' hippopotame, le porc, la chauve-souris brune, le perroquet et le hérisson... En revanche, le cheval, le chien, le chat, le faucon, la mouette sont des espèces "sans contact".

Quant à l'homme, il semblerait que ce soit un peu plus compliqué ... (sauf à croire en la réincarnation)


Exemple 1





Exemple 2




Question:
Et vous, plutôt mouette ou cochon ?

(La figuration vous attire, montrer votre corps, seul ou dans un corps à corps, alors participez, inscrivez-vous sur : http://www.spencertunick.com/ pour la prochaine photo...)

21 septembre 2006

De lire à lier...


...relire, relier ...délire, délier...

Les mots échappent parfois à leur propre sens pour s'embusquer, prendre une direction inattendue et traduire des réalités imprévues.


Dans la vraie vie, une rencontre s'effectue dans le temps et dans l'espace; pour qu'elle ait lieu, il faut que les deux conditions soient réunies : telle heure, tel endroit; c'est la scène du théâtre des interactions, unité de lieu et de temps... sinon, rien.

Dans la vie rêvée, la lecture permet de dépasser cette nécessité. Par un simple mouvement, en toute immobilité, abandon du corps, elle va à la rencontre des hommes dans le temps et dans l'espace. Elle provoque aussi la rencontre ici et maintenant, découvrant des territoires communs entre gens de passage.



Un jour, je croise un homme, qui, par le simple dévoilement de ses lectures, devient un proche...

Cette révélation est toujours excitante et rassurante, comme doivent être les sentiments ressentis dans une confrérie.
Appartenir à la communauté des hommes qui ont partagé ce voyage intérieur... richesse et privilège.

Question?
Quels sont donc ces livres qui vous ont marqués, transportés ...

Je vous livre 4 livres durs, de ceux qui durent...des étrangers qui dérangent...
Quatre textes rugueux, austères, lucides sur la condition humaine...


-L'origine, Thomas Bernhard (Autriche)




-La faim, Knut Hamsun ( Norvège)




-La femme des sables, Kôbô Abé (Japon)




-Mickaël K, sa vie, son temps, J.M. Coetzee (Afrique du Sud)









Remarque:
un livre ...délivre...
Apprendre à lire à un enfant est un acte subversif. Dans la prison qu'est l'école, c'est la seule porte de la liberté.

20 septembre 2006

L’attachement, le lien...

Que reste-t-il des gens que l’on croise?



C’est la part du mystère...

Au moment de la rencontre, des inconnus, visages informes, indifférents; dans les premiers instants, l’espace est oppressant. Il est rare que ces têtes trop proches nous reviennent, les étrangers n'évoluent pas dans cette proximité ; on recule un peu, posture empruntée ...

et puis...la relation s’établit... les visages deviennent progressivement familiers, le flou s’estompe et une personne apparaît, sympathique ou irritante, mais faite de corps et d’esprit, humaine... le nom, le retenir, ne pas confondre... dans certains groupes, l’indifférenciation dure si longtemps qu' on reste entre objets, des pions ...

...plus tard, (il faut faire vite), l’autre va s’affiner, ses contours se préciser, on va partager, rire... premières complicités, légères...

Souvent les liens qui se sont noués n’ont aucune solidité et sans volonté de les tisser pour les renforcer, le quotidien va effacer le motif qu’ils ont commencé à dessiner. Pourtant, il restera quand même en nous une trace de ce passage...

Les enfants, plus tendres, peuvent, à la séparation, s'effondrer; leurs pleurs et les embrassades sont alors spectaculaires ... le retour est, pendant quelques heures, entâché par la perte...
nous, nous faisons comme si de rien n'était...

Un conseil: rester jeune...

16 septembre 2006

Définition...

Trek: petit groupe qui se déplace en autonomie dans un environnement plus ou moins hostile...

Islande 0704
Irlande 0806
Maroc 0406
Sicile 0705
En observant le phénomène et en se fondant sur les invariants d'échelle, on peut alors le comparer au nomadisme...

Comment vit-on nomade? Quel est alors notre rapport au monde? Quelles représentations a t’on du monde et de soi quand on se déplace avec sa vie? Quel est notre rapport aux autres quand ils sont l’élément stable, la permanence? Comment s’adapte-t-on à cette inversion du rapport au monde?

On devient plus léger, on ne peut plus s’encombrer en consommant, on se regroupe pour continuer à exister, si je perds le groupe, je disparais, il n’y a pas de lieu où je peux me retrouver, je suis condamné à rester dans la communauté, il n’y a pas d’ailleurs puisqu’on est en mouvement perpétuel. Mon groupe, c’est ma culture, ma survie, il n’y a pas de dehors.


Un seul conseil: rester groupés...

15 septembre 2006

Se découvrir...

"Je ne suis pas assez con pour voyager juste pour le plaisir" (Gilles Deleuze in Abécédaire)



Partir, c'est, croit-on, aller à la rencontre des autres, mais le premier que l'on croise, sur le chemin, c'est soi-même... devenu étranger dans ce nouveau décor et cette mise en scène inhabituelle...

La première question n'est alors pas une question de fond mais de forme.

Est-ce que j’ai une forme définie, reconnaissable ailleurs par d’autres ?

Cette forme est-elle fixe, souple, rigide, capable de se déformer sans se transformer...? de se couler dans des moules différents en gardant ses propriétés?

... conserver sa forme, se reconnaître, rester soi-même, et être modelable “sur les bords” pour s’adapter aux nouvelles conditions, être ferme et souple, affaire de densité. Si la matière est trop rigide elle casse ou explose sous la pression, si elle est trop souple, elle s’applatit ou s’écrase.

Un seul conseil: garder la forme...

11 septembre 2006

Pause, considération 1: la vertu

Fragments (Traité des vertus, Jankelevitch)

Berlin, 09/02/06

Notre condition n'est ni tragique ni frivole, mais simplement sérieuse...

Le « tous les jours » est le régime éthique de la continuité vertueuse par opposition à l'intermittence esthétique. L'héroïsme est spasmodique, mais la vertu doit être chronique: que dirait-on d'un juste qui n'aurait de vie morale que le dimanche?

Prague 12/02/06


Le comportement doit être conforme au devoir sans être inspiré par le devoir.
L'idée d'une charité professionnelle est à peine moins ridicule que celle d'une gaité professionnelle, d'un humour professionnel ou d'un charme professionnel: car la joie,l'humour et le charme sont des mouvements qui exigent toute la fraicheur et toute la pudeur de la spontanéité.

Vienne 15/02/06

Le devenir n'est pas seulement la propulsion par l'instant, il est encore le mouvement acquis; il est retentissement, mémoire et immanence du passé au présent; l'homme du remords ne le sait que trop bien.
Le commencement dépend de nous, mais la continuation dépend du commencement une fois posé et suit inexorablement son cours, même si nous cessons de la vouloir.

Bilbao 02/03/06

Pour commencer, il faut commencer par commencer. Commencer,plonger, sauter en parchute sont à cet égard des décisions du même ordre: ce sont des choses qu'il faut faire soi-même, et en fermant les yeux, que personne ne peut faire à notre place; dans l'art du commencer rien à apprendre. On n'apprend pas à commencer, mais seulement à continuer.
Pour ce qui est de vouloir, nul ne peut me remplacer.
Si le courage est la vertu de l'instant, la fidélité est la vertu de l'intervalle.
Le courage est la vertu inaugurale du commencement,de même que la fidélité est la vertu de la continuation et le sacrifice celle de la fin. Il faut du courage pour rester fidèle. La fidélité est un courage opiniâtrement continué.
Pour avoir du courage, il est nécessaire d'avoir peur. C'est la peur surmontée et non l'absence de peur qui faIt le courage. Le courage ne peut ête ni thésaurisé ni capitalisé.
La fidélité est la vertu du temps continu comme le courage est la vertu du passage à l'acte. L'important est d'être fidèle par amour, non par contrainte ni par ascèse. Le fidèle suit sa voie quoi qu'il arrive, et jusqu'à l'absurde s'il le faut. C'est peut-être dans cet entêtement paradoxal de la volonté que la constance du sage est la plus belle.

New York, Ground Zero 23/03/06

Celui à qui manque une seule vertu n'en a aucune, celui qui en a une les a toutes. Philosophie stoïcienne du « mélange total ». Que serait la sincérité sans le courage? La charité sans la modestie...