28 novembre 2006

Gymnastik kotidienne...


On peut le dire de différentes manières, mais le mouvement est toujours le même. En observant attentivement le phénomène, on note bien trois temps: apparaître, paraître et disparaître.

Chaque jour, le phénomène se reproduit. Il relève à la fois du continu et du discontinu.
C'est l'énigme la mieux partagée.


Apparaître semble aller de soi, pourtant le monde est à réinventer chaque matin ... On s'y résout sans trop remarquer l'exploit qu'on réalise. Paraître, c'est la mise en image de cette création pour la journée. Nettoyer, décorer, arranger, difficile de faire l'impasse si on veut sortir, se présenter aux autres qui vivent la même aventure. On se retrouve alors dans le temps organisé, divisé et on s'agite, entraîné irresistiblement par le manège désenchanté sur lequel on affronte le monde.

Et puis, comme à reculons, on se débarrasse, on s'avachit, on s'étale et on disparaît.
Rideau.

... aux trois coups, on réapparaît, prêt à recommencer dans ce qu'on pense être le lendemain...

(photos, Istanbul, 31 octobre 2006, Hôtel Celal Sultan, jour de pluie...)

Remarque
Nous restons très sensibles aux histoires d'apparitions et de disparitions...


25 novembre 2006

Point de vue...

Le monde est une affaire sérieuse et notre passage sur Terre une sacrée aventure...

Irlande, photo Jean Heintz (août 2006)

Méditant sur les côtes et les frontières sinueuses entre les Etats, Mandelbrot consulta des encyclopédies en Espagne et au Portugal, en Belgique et aux Pays Bas, et y découvrit des différences de 20 % dans les estimations de leurs frontières communes... En fait, affirma Mandelbrot, toute côte possède, d'un certain point de vue, une longueur infinie.

Irlande, photo Jean Heintz (août 2006)

L'estimation de la longueur d'une côte par un observateur à bord d'un satellite sera inférieure à celle d'un observateur parcourant ses criques et ses plages, qui, à son tour, trouvera un résultat inférieur à celui d'un escargot escaladant tous les galets...

Irlande, photo Jean Heintz (août 2006)

Le sens commun suggère que ces estimations, bien que sans cesse croissantes, tendront vers une valeur finale particulière, la longueur vraie de la côte... Mais Mandelbrot découvrit que lorsque l'échelle de mesure diminue, la longueur mesurée pour la côte croit sans limite, les baies et péninsules révélant des sous-baies et des sous-péninsules toujours plus petites...

Irlande, photo Jean Heintz (août 2006)

Bien que les scientifiques supportent difficilement qu'on utilise leurs raisonnements pour établir des analogies, on ne peut pas s'empêcher de remarquer que cette découverte est facilement transposable pour expliquer la manière que nous avons de considérer le monde. Le point de vue.
Selon que l'on observe le monde à vue d'oeil, au télescope ou au microscope, autrement dit, le nez collé à la réalité, à une certaine distance ou franchement détaché, ce qu'on aura à dire sur les choses sera bien différent ...

...au coin de la rue... 24/11/06


Remarque:
Le niveau microscopique montre une structure identique au niveau macroscopique. ll y a donc quelque chose de distinct du monde qui contient le fondement de l'ordre du monde. De vertige en vertige, cet ordre renvoie à la question : "Pourquoi quelque chose plutôt que rien?"
Si quelqu'un a la réponse...

20 novembre 2006

Vide grenier...

Shopenhauer, dans ses judicieux "Aphorismes sur la sagesse dans la vie" énonce une proposition qui justifie l'existence du blog : "... les quarante premières années de l'existence fournissent le texte, et les trente suivantes le commentaire..."

On pioche au hasard dans la vieille malle. On retrouve une photo, un objet et on est transporté dans un lieu étrange, la mémoire, qui nous murmure de drôles d'histoires. Le corps est posé dans un coin, totalement abandonné et l'esprit vagabonde, reprend à l'envers des chemins oubliés...

...marionnette cassée assise au bord du temps...

L'absence de cohérence, le côté foutrac du blog en est le reflet, modèle qu'on pourrait appeler le vide grenier. Je sors tout, je trie, je jette, je classe, je range, je m'arrête sur un truc... ça dérange, j' hésite, je pose, ça repose, j' écarte, je donne, ça rappproche, je garde, je laisse...

Il faut bien reconnaître que la situation à laquelle on est confronté n'est pas banale... Un jour, on débarque de nulle part, ici, et c'est parti: "grandis, apprends, retiens, fais, travaille, vote, cours, imagine, aime, amuse-toi, vite...


Ce monde qui apparaît, qu'on traverse à toute vitesse, n'est pas trop ordonné et l'angle de vue bien réduit. On accumule, on galope, on s'accroche et puis c'est fini, fauché en pleine course, ou abandonné, épuisé. Prendre le temps d'arracher, de ce chaos apparent, quelques lambeaux pour dessiner des arabesques, alphabet improbable avec lequel on écrit quelques mots...

15 novembre 2006

Double vie...

La musique, le territoire gagné sur le vide. Faire vibrer l'air pour faire bouger le corps et remplir l'âme. Quelques notes et le monde devient familier. Je me suis toujours rêvé au piano, à la guitare, inspiré... dans la réalité, je reste au pied du mur: pas le code d'accès, désaccordé.



J'ai essayé et je n'ai pas ménagé ma peine, rien n'y fit. Incapable. Les méthodes, les instruments, les artifices, les cours, rien, pas le début du son... Fermé à double tour, je suis. Un défi insurmontable, tous peuvent en témoigner. A quinze ans, Le Groupe, deux morceaux, trois accords. Je tenais la basse, quatre grosses cordes... Ecarté de la scène, figuration silencieuse. Depuis, c'est toujours le même étonnement déçu entre le son attendu et le son produit. Un autre se serait découragé, aurait abandonné et serait passé à autre chose... pas moi, je continue, mû par un optimisme... désespéré.

Fernando (Pessoa) affirme que nous avons deux vies. La vraie, qui est celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard. La fausse, qui est celle que nous vivons dans le commerce des autres, celle qui est pratique et utile, celle où nous finissons dans un cercueil. Dans l'autre nous vivons, dans celle-ci nous mourons...

13 novembre 2006

Tous ensemble ?..



Nous observons, en fonction du lieu et de la nature de la relation que nous avons avec nos congénères, des distances uniformes, que l'on peut graduer en fonction du dégré d'intimité que l'on entretient avec eux. Ce qui est certain, c'est qu'on n' aime pas la promiscuité, le contact de l'inconnu. On veut pouvoir le reconnaître, l'identifier. Cette phobie du contact se traduit dans notre manière d'évoluer dans la rue ... le contact involontaire doit être excusé promptement, la vigilance ne se relâche pas...

Scène de la vie quotidienne, Vienne, février 2006

Pourtant, dans la masse, foule qui manifeste, défile, encourage... nous nous libérons de cette phobie du contact. Dès lors que l'on s'est abandonné à la masse, on ne redoute plus le contact. Plus aucune différence ne compte. Qui que ce soit qui vous presse, c'est comme si c'était soi même. Soudain, tout se passe comme à l'intérieur d'un même corps. Plus nous sommes serrés les uns contre les autres, moins nous avons peur les uns des autres. Dans la masse, tous ceux qui en font partie se défont de leurs différences (classe, condition, fortune) et se sentent égaux.


On est vraiment bien tous ensemble...

encore Spencer Tunick...

12 novembre 2006

Tous ensemble...tous ensemble

Istanbul, octobre 2006

Tous ensemble, c'est le refrain ... mais pour le couplet c'est tout seul...

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais ni vraiment militant, ni vraiment engagé, j'ai une opinion mitigée, floue, sur le vote, son efficacité, tout ça... Bien sûr, si on me demande mon avis, je vais dire que c'est bien, que c'est une conquête, que la démocratie ...bref , je suis sûr que nous avons des choses en commun... dans le même temps, on ne pourra pas m'empêcher de penser, ouais, mais bon, mon bulletin, il pèse quand même pas bien lourd... et là, il y aura quelqu'un pour ajouter " si les élections servaient à quelque chose, ça fait longtemps qu'on les aurait supprimées" ou bien , plus radical" élections, piège à cons"... et puis on paye son coup et on rentre chez soi...

Entre l'euphorie des victoires et l'amertume des défaites, toujours de l'excès, liesse ou dégoût ... tout ça n'est pas très raisonnable.
Le pire, c'est la validité du système qui ne prend même pas en compte les préférences réelles des électeurs.

Une mise au point est donc nécessaire...
En instaurant le suffrage universel, on intronise aussi le droit de vote comme unique mode légal d’expression des opinions politiques, ce qui limite notre participation à cette forme précise et relativement inoffensive.
Le vote délégitimise des formes d’action politique plus directes, intenses et expressives, qui sont à la fois plus efficaces et plus satisfaisantes.

Prague, les pavés, février 2006

Double caractère du vote:
-il représente un élément essentiel dans une structure institutionnelle destinée à empêcher que l’état soit excessivement répressif
-il sert de garde-fou contre une citoyenneté excessivement expressive.
Ces éléments mettent en valeur d'une part le caractère frustrant du vote périodique et d'autre part sa fonction de régulation, d'apaisement.

La grosse contrariété c'est que le résultat final ne correspond pas à la somme des choix individuels. Il faudrait pour cela que soient comptabilisées les préférences de chacun sur l'ensemble des candidats...

New York, Pont de Brooklyn, avril 2006

Ce qui est bien, c'est qu'on n'est pas plus avancé. Quand on nous demande comment on veut vivre ensemble, c'est-à-dire la question fondamentale de la politique, on ne nous donne qu'un tout petit papier pour écrire la réponse... voilà le problème.

07 novembre 2006

Le sac de voyage...

Irlande, août 2006

Deux mètres carrés ... au plus. C’est la dimension du territoire que nous occupons. On est là, tout entier dans cette enveloppe de deux kilos.
La surface habitable peut varier, mais l’avantage retiré n’est pas évident...

(Sac de plage, apparemment abandonné, sicile, juillet 2005 ...)


C’est notre sac de voyage. Le bagage est relativement pratique, souple, imperméable et extensible. Il y a 2 modèles de base, garçon et fille (en bricolant un peu, on peut trafiquer le système). Il existe en plusieurs coloris et plusieurs formats. On peut y ajouter des accessoires, des décorations pour le personnaliser.

Les accros, fans de body art poussent jusqu'au tuning... coupure, tatouage, peinture, pelage (!), scarification, chirurgie... tous les degrés, toutes les excès...

Deux exemples:

1) Modèle "Ouille"... succès garanti,facile à réaliser, porter plutôt l'été mais éviter le bord de mer (sable, soleil, eau salée fortement déconseillés).

2) Modèle "Ouïe" sobre, unisexe, tout public, évolutif...


Remarques:
Les élèves de l'école élémentaire, encore sages, consultent régulièrement, dans leur dictionnaire, les planches qui détaillent les différentes fonctions du sac.
Pour les plus grands, il existe des catalogues, régulièrement mis à jour, qui permettent de comparer les nouveaux modèles et leurs options.

03 novembre 2006

Apprendre une langue étrangère...

Le premier barrage quand on est à l'étranger, c'est la langue. La plupart des pays ont choisi de nous laisser dans l'embarras et la confusion. Ils ne font aucun effort pour qu'on accède au sens, qu'on communique... c'est très décevant. Parfois, en étant un peu attentif, on peut quand même se débrouiller...

Un graphème pour un phonème. Comme je l'avais fait remarqué dans un des premiers post, le "k" est bien idéal pour remplacer tous les Q et autres complications.

Je vous propose un parcours ortografik insolite, un usage pratik de transposition fonétik.

Penser à mettre les points sur les "i".
Eliminer les lettres muettes, source d'oubli et d'erreur.
Ne pas hésiter à être direct.

Faire fi des "ph", plus que du "f".
La réponse à la kestion de l'apprentissage de la lecture. Tou silabik: taka ékrir kom tuldi.

Des fois, c'est un peu plus compliké, voire n'importe koi.

Dorénavant, grâce à l'aplikasiyon strikte de la métode silabik , tous les petits français, dès la fin du CP, pourront lire courramment le turc.

(fotos san trukage , Istanbul octobre 2006)