Le deuxième monde est confiné. Il définit la sphère privée. Ceux qui l’occupent s’appellent “les proches." Avec eux, on partage le pain, les émotions. Les corps se touchent, s’embrassent, s’irritent. Les règles qui régissent ce monde sont culturelles et coutumières. Une paire de pantoufles et un pantalon mou font l’affaire au quotidien mais pour la fête, rien n’est assez beau. La maison protège ce territoire. Valeur inestimable.
Aix, 24/12/05
Le troisième monde est ouvert. Il situe la sphère publique. C’est celui des étrangers. On les croise, les rencontre, les cotoîe. On s’y présente peigné et habillé. Les corps s’évitent ou s’effleurent par des gestes conventionnés. Les règles sont générales, impersonnelles, communes. Tout le monde s’y retrouve pour s’activer. La planète est le terrain du jeu. Notre valeur est un, ni plus, ni moins.
Bon, et alors?
Ces trois mondes ne sont pas donnés, ils ont été conquis. Ils sont poreux et leurs frontières sont variables, incertaines. En inventant un quatrième monde, la religion envahit l’espace intérieur, dicte à chacun ce qu’il doit penser et faire, régit l’espace occupé et élimine progressivement la distinction entre les mondes. Dans un mouvement symétrique, les régimes totalitaires ont cherché, au nom d'un monde meilleur, à détruire les espaces privés et intimes.
Remarque 1
Pour assurer et garantir notre équilibre, notre dignité et notre liberté, chacun des mondes doit être délimité, occupé et protégé.
Remarque 2
Je ne sais pas pourquoi je vous parle de ça.