25 mars 2007

Abstrait...


Un jour, on prend conscience de l'enjeu, un morceau vide du monde à remplir avec les moyens du bord. Peu importe qu'il représente quelque chose ou pas. C'est du pareil au même. On doit associer traits, formes, taches, couleurs, sur une surface, verticalement donnée au regard. Voilà le problème. Il faut résoudre les tensions entre l'ombre et la lumière, le clair et l'obscur, le vide et le plein. Il n'y a ni centre ni périphérie, plus de sujet, juste un objet dont on doit modifier la surface pour attraper et retenir le regard. En abandonnant l'artifice de la figuration, on est confronté à une sacrée solitude. Certains vident leur colère, d'autres donnent une forme acceptable à leur violence, c'est dans la retenue ou l'abandon que se situent les solutions. Rothko enfermait sa souffrance dans des grands aplats colorés, Pollock se jetait, se répandait sur la toile. Choisir l'abstraction, c'est naviguer entre ces deux extrêmes. L'abstraction est sans pitié, elle met l'homme face à son destin et le laisse se débrouiller avec ses maigres forces...