20 octobre 2006

La place de l'ange...

Santorin, juin 2006

Parmi les phénomènes curieux auxquels nous sommes confrontés (je parle de micro-phénomènes qui sont à l'escalade ce que sont les quelques pas que l'on fait en équilibre sur le rebord du trottoir), il y a les petites manies et superstitions qui nous obligent à faire des gestes insolites: compter les pas, éviter certaines matières et couleurs, faire ou ne pas faire un signe, un geste, dire ou ne pas dire tel ou tel propos en certaines circonstances, comme s'il y avait un monde parallèle dont il ne fallait pas déranger l'ordre, ordre que nous connaîtrions sans l'avoir appris, de manière intuitive ... celui des anges.


Pessoa, considérant la différence affreuse entre l'intelligence des enfants et la stupidité des adultes, pense que nous sommes accompagnés dans notre enfance par un ange gardien, qui nous prête sa propre intelligence astrale et qui, par la suite, plein de regrets peut-être, mais contraint d'obéir à une loi supérieure, nous abandonne et nous laisse ce picotin qui est notre destin.

Peut-être gardons-nous le souvenir de ce passage de l'ange?
Prague, fevrier 2006
J’ai longtemps cherché une autre explication à ces attitudes irrationnelles mais très humaines...
Rome, avril 2005
Dans la Grèce antique, le divin occupait tout le champ du possible, contrairement aux chrétiens où le divin occupe tout le champ intérieur. (Personne ne songe aujourd'hui à voir son intervention dans le déclenchement des guerres, des épidémies et des tremblements de terre, domaines où justement les grecs auraient vu un message des dieux).
Sous cet l'éclairage singulier, le réel et le monde extérieur tout entier, des astres aux fourmis, est le champ de l'expression du divin, qui intervient sans cesse sous les formes les plus imprévisibles. Tout est ainsi chargé de sens, tout est porteur d'un message qu'il convient de savoir déchiffrer . Ce langage infini, incommensurable, vertigineux que l'univers nous adresse exige, pour être décrypté, un tableau des correspondances. La grammaire de ce langage énigmatique, toujours voilé, réside dans ces gestes et ces paroles insensés qui répondent à des impératifs obscurs et opaques mais cruciaux et vitaux...


Nous croyons avoir oublié cette manière d'être au monde...

Prague, février 2006

... mais c'est dans ces espaces indéfinissables, flous et brumeux que s'engouffre la cohorte des prophètes, gourous, diseurs de bonne aventure et autres lecteurs d'avenir...

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