22 octobre 2006

Le fort intérieur ...

Notre sentinelle est parfois réveillée par un bruit, un mouvement inattendu... alors ça s’agite dedans... avant de décider s’il faut sortir ...

Salamanque, 030306

C’est ce qui arrive devant certaines situations... on aurait préféré les éviter, être ailleurs, tourner le dos, mais on est là, on a vu, entendu, et on est bien obligé, dans son for intérieur, d'organiser un petit conseil de guerre, d’étudier les forces en présence et de décider si on va y aller, dénoncer, ou passer son chemin...
La première barrière qui ralentit l’action, c’est la délation, on se retranche facilement derrière: pas ça, pas moi, et on s'éloigne, outragé...

Prague, février 2006

Mais la question reste, nous ratrappe et tourne, lancinante...car, une fois écartée la délation, évidemment condamnable et méprisable, que faire, que dire... il y a probablement un point critique à partir duquel on réagira, on fera face...

Prague, février 2006

... mais en attendant, c’est le moment des petits calculs, des arbitrages entre ce que ça peut coûter et ce que ça va rapporter, l’évaluation du risque...
Pourtant, de l’extérieur, l'examen est relativement simple et on connaît bien la leçon: la loi, dans une démocratie, fixe les règles et définit les limites de ce qui se fait et doit se faire. Elle est l’expression de la volonté générale et on doit la respecter et la faire respecter. C’est notre obligation et notre responsabilité.

... encore faut-il disposer d'une monture fière et vaillante et d'un parasol solide...(Vienne, février 2006)

... entre la théorie et la pratique, il y a un pas, qui parfois ressemble à un grand saut au dessus du vide...

La solution réside peut-être dans l’attitude adoptée par Bartleby qui mesure la marge de manoeuvre à l’aune de ses impressions: “ceci ne me convient pas”. Voilà sa règle. Dans ce refus, ni jugement, ni abandon, il ouvre la possibilité de dire: “moi, je trouve que ça ne va pas, je préfèrerais que ce soit différent”. Cette posture, qui refuse le rapport de force, sape les fondements du conflit à l’intérieur comme à l’extérieur, désarmant...

New York, ONU, 250306
Remarques
D'une part, ce propos ne concerne que les aspérités du quotidien, les affaires courantes, celles qui ne relèvent pas du sérieusement grave. D'autre part, le fait de ne pas faire ou de ne pas dire n’est qu’une illusion. En ne faisant pas et en ne disant pas, je fais et je dis quand même: immobile et muet, je cautionne, accepte, participe ... jusqu'où, jusqu’à quand, et au nom de quoi? ... tourne, vire ...

Bilbao, Musée Gughenheim, mars 2006