15 novembre 2006

Double vie...

La musique, le territoire gagné sur le vide. Faire vibrer l'air pour faire bouger le corps et remplir l'âme. Quelques notes et le monde devient familier. Je me suis toujours rêvé au piano, à la guitare, inspiré... dans la réalité, je reste au pied du mur: pas le code d'accès, désaccordé.



J'ai essayé et je n'ai pas ménagé ma peine, rien n'y fit. Incapable. Les méthodes, les instruments, les artifices, les cours, rien, pas le début du son... Fermé à double tour, je suis. Un défi insurmontable, tous peuvent en témoigner. A quinze ans, Le Groupe, deux morceaux, trois accords. Je tenais la basse, quatre grosses cordes... Ecarté de la scène, figuration silencieuse. Depuis, c'est toujours le même étonnement déçu entre le son attendu et le son produit. Un autre se serait découragé, aurait abandonné et serait passé à autre chose... pas moi, je continue, mû par un optimisme... désespéré.

Fernando (Pessoa) affirme que nous avons deux vies. La vraie, qui est celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard. La fausse, qui est celle que nous vivons dans le commerce des autres, celle qui est pratique et utile, celle où nous finissons dans un cercueil. Dans l'autre nous vivons, dans celle-ci nous mourons...