13 janvier 2007

Nous ne sommes pas seuls...

G., chat de L., Aix, décembre 2006

Il y a des bêtes parmi nous...

Certains veulent nous faire croire que nous n'avons rien à voir avec elles, que nous n'avons pas gardé les chèvres ensemble, d'autres affirment que nous avons presque tout en commun. La frontière est floue, le sujet polémique et chaque théorie trouve de fervents défenseurs. Domination de l'homme, animal assimilé à une machine, animal pauvre en monde, bêtes plus fidèles que l'homme, rattachement généalogique, processus de désanimalisation... Difficile de faire son choix. Quelques observations relevées dans la vie quotidienne peuvent néanmoins nous éclairer. On note d'abord un premier clivage. Selon qu’il se trouve dans notre assiette ou sur nos genoux, l'animal n'a pas le même statut et le regard que l’on porte sur lui est très différent. Entre “c'est vraiment délicieux, comment faites-vous ?” et “il est trop mignon, comment s’appelle-t-il ?", apparaît un fossé. La taille modifie aussi notre impression. Si l’animal est trop petit dans l’assiette, on est déçu, et s’il est trop gros sur les genoux, on est dégoûté.

D’une manière générale, notre relation avec les autres espèces est fluctuante. Le législateur est pourtant clair, les animaux, tous les animaux, sont des choses. Et il faut bien le reconnaître, pour un bon nombre d’entre eux, déjà tous ceux avec lesquels on doute franchement d’avoir un lien de parenté, c’est assez acceptable. Ainsi, en dehors des fanatiques, personne ne se préoccupe plus des droits des insectes, poissons, oiseaux et autres lézards et serpents qui peuplent nos campagnes et celles des autres, que de ceux des chaises ou des fourchettes qui habitent avec nous. La plupart des espèces n'ont pas trop intérêt à revendiquer un régime juridique particulier. En revanche, notre sensibilité s'exacerbe quand on trouve des points communs, taille, poids, coiffure, et surtout regard dans lequel les âmes fragiles voient le reflet de leurs propres tourments. Heureusement, nous avons trouvé la parade. Pour éviter de nous attendrir, nous les utilisons en pièces détachées, ce qui réduit considérablement leur charisme et la tentation d'attachement.

Remarque 1
La difficulté pour décrire les relations entre l'homme et l'animal tient à la pauvreté du langage, trop humain...

Remarque 2
Avec certains animaux, ceux qui ne peuvent exister sans nous, chats et chiens, le trouble vient de cette manière que nous avons d'entrer en contact avec eux. La domestication et l'apprivoisement s'effectuant par débordements réciproques, ils deviennent vite des personnes que l'on fait entrer dans nos histoires, que l'on raconte, au même titre que celles avec lesquelles on partage le reste de la vie.

Casablanca, début des années soixante

Un bestiaire humain
Un lapin, un poussin, un canard, une puce, un requin, une chienne, un rat, un ours, une poule (de luxe ou mouillée), un cafard, un âne, un biquet, un coq, une tigresse, une bécasse, une buse, une grosse vache, un gros porc, un petit cochon, une cochonne, une morue, une dinde, un vrai cabri, une vieille chouette, une teigne...