20 février 2007

Les éclaireurs...


Ils ont parcouru des chemins sur lesquels je m'aventure, parfois. Ils sont à mes côtés pour franchir les obstacles. Ils sont la lampe frontale qui vient éclairer le passage difficile. Ils n'éblouissent pas avec leurs lumières. Ils n'ont pas de système à vendre. Ils sont passés par là et connaissent le terrain.
Blanchot, je le fréquente très peu, il est si silencieux, discret, neutre, pâle, presque invisible. Il incarne la "solitude essentielle".
Pessoa, je l'ai rencontré par hasard, j'ai fait la connaissance des personnages qui l'habitent. Seul Bernardo Soares m'est vraiment proche. Il met en mots mes propres pensées, en choisissant les phrases que je ne trouve pas... C'est devenu un familier.
Cioran est un parent éloigné, exilé, qui me fait plier de rire à la fin des repas en racontant l'absurdité du monde. Il me dit aussi que je ne suis pas obligé de participer, de courir en suivant les bruits et les lumières de la ville. Il me répète que je suis libre et responsable de cette liberté.
Char est énigmatique, pas facile d'accès. Sa carrure, sa grosse tête m'impressionnent. Je marche à ses côtés au bord de la rivière, je ne dis rien, j'écoute et j'attends qu'il lâche quelques mots. Je m'empresse de les noter pour les examiner plus tard, tranquillement, au coin du feu.
En résistant, en renonçant, ils ont placé des signaux sur le parcours, dessinant la frontière entre le possible et l'impossible. Ils n'imposent rien, ils n'ont pas de biographie... il faut leur faire confiance...